17. Carretera Austral 3e partie (Parc Pumalin)
Jeudi 28 mars. La Carretera Austral passe au milieu du Parc Pumalin. On nous y a promis de jolies balades. Trois jours entre montagnes et volcans couverts d’une végétation abondante. Nous sommes dans l’une des régions les plus arrosées du monde… Trois jours où les prévisions météo vont à nouveau dicter le planning de nos journées. Bon, ce n’est pas très bien parti, premier jour, départ avec une heure de retard… sous le soleil et dans la chaleur ! Mais bien vite, le ciel se couvre et c’est sous un ciel bien gris que nous arrivons au départ de la rando pour le volcan Chaiten. Sur le parking : trois vélos ! Ce sont les Suisses croisés en sortant de Villa O’Higgins, tout au sud de la Carretera Austral ! Ils ont été vers le sud, puis revenus au nord en ferry pour retourner vers le sud. Nous ne sommes pas les seuls à faire des tours et des détours !
Nous attaquons l’ascension du volcan. Sur ses flancs, beaucoup de vert, des fougères géantes, des fuchsias, quelques touches de rose et d’orange. Puis la forêt se fait moins dense, ne reste que quelques troncs brûlés par la nuée ardente de 2008. Nous arrivons au bord de la caldeira. Une montagne lunaire se dresse face à nous. Ce sont les deux cônes du volcan dont des gaz s’échappent des flancs. C’est puissant.
Redescente dans la forêt humide tempérée… elle porte bien son nom, une petite pluie fine se met à tomber… Les enfants galopent, mes genoux rouillés couinent. Le déluge nous tombe dessus en arrivant au parking.
Ce soir grand luxe, nous avons trois options de camping (tous fermés aux véhicules), le premier, conseillé par un garde-parc, il y aurait un abri suffisamment grand pour accueillir notre tente, le deuxième, ce serait le plus beau de la carretera austral, et le troisième que nous n’atteindrions pas avant la nuit. Nous passons le premier, pour arriver au deuxième : des petits abris dans leur cocon privé au bord du lac. C’est très minion, mais il est totalement impossible d’y planter notre tente. Les abris sont trop petits et il n’y a aucun espace autour… Nous faisons demi-tour pour revenir au premier. Un immense camping avec d’immenses pelouses ! La tente ne rentre pas entre les tables sous l’abri, mais il est parfait pour s’étaler et tenter de faire sécher toutes nos affaires, et la pelouse, bien que complètement détrempée, est très bien aussi.
Vendredi 29 mars. La brume se lève avec l’arrivée du soleil. Trois kilomètres de vélos à travers la forêt pour sortir du camping. On nous a parlé d’une source d’eau chaude sur le bord de la route, dans le fossé, au pied d’un arbre penché. Nous la passons avec l’idée de revenir s’y baigner en fin de journée. Séchage de la tente sur le bord de la route et départ à pied pour le lago torneador. Sentier taillé à la machette dans la forêt humide. Les machettes ont aussi taillé des milliers de marches, escaliers à tendance échelles. La pluie arrive plus vite que prévu. Nous passons des gorges étroites, face à des cascades. Toujours plus de fougères et lianes, mousses et lichens. Le lac apparaît, caché en haut de la montagne. La pluie s’intensifie. Dans la descente, le sentier s’est transformé en ruisseau, les marches en piscine. Nous arrivons trempés aux vélos. Vite, direction le camping et ses abris salvateurs ! Il est fermé et vide, nous en profitons pour ne pas respecter les règles : nous campons sur la pelouse (si belle!) et mettons la musique à fond ! Je fais écouter aux enfants, celle qui m’a fait monter bien des côtes. Spécial dédicace à Rodrigo et Grabriela. Lors d’un autre voyage, le son de vos guitares m’a fait grimper les cols plus vite que mon binôme ! Leïla, nous dit qu’elle, quand elle veut nous doubler dans les montées, elle arrête la danseuse, s’assoit sur sa selle, met la vitesse 2 et ziou !
Samedi 30 mars. Lever sous la pluie, départ sous la pluie, balade aux milieux d’arbres millénaires sous la pluie, arrivés au port avec l’arrêt de la pluie. Ouf, c’est plus facile pour trouver des véhicules où mettre nos vélos. Nous avons deux ferrys qui s’enchaînent pour poursuivre la route vers le nord. Entre les deux, 10 km de piste, qui montent puis descendent, pas insurmontables, mais le temps entre les deux bateaux n’est pas suffisant pour les parcourir à vélos. Nous préférons anticiper l’action des employés du ferry et partons à la recherche de pick-up et autres gros véhicules pouvant transporter tout notre barda. Flo dégote deux pick-up et un camion de voyageurs allemands, parfait !
Miracle, nous arrivons sous le soleil à Hornopiren ! Sur la place, une jeune femme nous apostrophe : « vous dormez où ce soir ? » et la voilà qui nous invite à venir planter la tente dans le jardin de sa mère et à profiter de la douche chaude. Tip, top ! Le lendemain c’est pâques, le lapin Daniela a apporté des œufs aux enfants. Pour les parents, elle a fait tourner la machine à laver et mis les habits dans le séchoir. C’est la fête ! Nous repartons propre et sec (sauf les pieds, parce que j’ai refusé de prendre ses chaussures!).
Péninsule de Hornopiren. Nous longeons la côte sous le ciel bleu. C’est magnifique ! Dauphins et lions de mer profitent du calme et du soleil. Les chantiers prennent leur temps pour construire les bateaux de pêche en bois. Les vaches broutent tranquillement. Les gens d’ici apprécient leur tranquillité. Ils ne veulent surtout pas d’un travail à horaires fixes comme ceux proposés dans les fermes à saumon. Un peu de pêche, à leur rythme, suffit pour vivre. C’est paisible. La gardienne nous ouvre les portes de la salle paroissiale pour la nuit.
Notre route devait passer par Cochamo, petit paradis pour la randonnée et l’escalade. Nous n’y sommes pas allés lors de notre trajet vers le sud pour cause de pluies diluviennes, nous n’irons pas sur notre route vers le nord pour cause… de pluies diluviennes. Marre de l’eau. C’est acté, nous filons à Puerto Montt et Santiago où nous attendent Jorge et Galia. Il paraît qu’il y fait plus de 30º, un truc de fou !!
Puerto Montt. Le trafic s’intensifie à l’approche de la ville. La route, étroite, longe la côte. Petites maisons en contrebas de la route, coincées entre l’asphalte et le rivage. Heureusement, assez vite nous attrapons la piste cyclable qui nous mène tout droit au terminal de bus ou nous espérons embarquer direction Santiago. En arrivant, une petite famille nous interpelle. La maman s’exclame « je vous ai vu hier sur internet ! ». Cyclo elle aussi, elle est contente de pouvoir présenter à ses enfants des enfants qui pédalent au long cours.
Les bus ne veulent pas de nous ce soir, soit ils sont pleins, soit ils n’ont pas de place pour les vélos. Nous comprenons qu’il ne faut pas suivre les conseils et sauter dans un bus au dernier moment. Nous décidons de réserver des places pour un bus du lendemain soir et nous arriverons tôt pour forcer le passage des vélos en soute. Il fait nuit, mais pour une fois nous ne sommes pas inquiets. Nous savons où dormir, direction l’hôtel où nous étions quelques mois plus tôt.
Journée urbaine en attendant le départ du bus. La pluie nous a rattrapés. Nous filons au terminal pour lui échapper. Flo a le droit d’installer lui-même les vélos en soute. Nous sommes ainsi plus serein.
Mercredi 3 avril. Santiago, arrivée au petit matin. Remonter les vélos. Partir sur les pistes cyclables, étroites mais pratiques. Perdre une pédale. Flo prend mon vélo et poursuit avec une jambe. Je prends le sien. Mais comment fait-il pour rester assis sur cette selle ??
Sur la route, une femme nous arrête : « Je vous ai vu il y a 5 minutes sur internet et vous êtes là ! C’est incroyable ! ».
Arrivée chez Jorge et Galia. Depuis notre passage, une piscine a été creusée dans leur jardin. Mais il a donc fait si chaud ici !! Où étions-nous ces derniers mois ??
Quelques jours chez les amis. Repos, repas, profiter d’eux, maintenance et réparation des vélos. Leïla retrouve Laura avec grand plaisir. Les cloches de pâques passent à nouveau dans le jardin. Et puis il est temps de se replonger dans les cartes, étudier les trajets possibles pour se rendre en Bolivie, se décider pour aller du côté argentin et réserver des bus pour Salta.