Concepción, Conce, ville rock, ville rebelle. Pour nous quelques belles soirées passées avec Léo, Nicolas, Ronya et Simon, à discuter histoire et politique, défense des cours d’eau et aménagement routier. Et vélo ! Léo est LA figure locale des défenseurs du vélo. A l’occasion de la journée sans voiture, il doit être interviewé et nous propose d’apporter notre grain de sel. Célestin est très fier de passer à la télé ! (locale ;)) Balade dans la ville aux murs couverts de peinture, certaines poétiques, d’autres très politiques. Après avoir réalisé « un guide » de survie avant le départ, Célestin, inspiré, s’attaque aux plans de la révolution !

Départ de Conce par une belle journée de printemps direction la gare pour nous faire gagner facilement quelques kilomètres vers le sud et les Andes. Nuit au bord de la rivière, et de la voie ferrée. Deux paires d’yeux nous épient dans le noir. Des trains de marchandises passent. Tout… Dou… Ce… Ment…

Le lendemain nous nous envolons sur l’autoroute du futur ! En réalité une 2×2 voies en construction. C’est dimanche, pas de travaux, nous profitons de longs tronçons goudronnés, mais pas encore ouverts aux voitures. Royal ! Même si ça semble un peu sur-dimensionné…

À Los Sauces, Víctor nous aborde. Il nous a entendu parler français et propose de nous inviter chez lui. Il a habité six ans en France, de 1979 à 1986. Parti chercher du travail, laissant femme et enfants au pays. Il a aimé se former à l’électricité, l’ambiance avec les camarades à l’usine. Puis il est rentré. Enfin. Il est parti travailler dans les mines, au nord. Trois semaines là-bas, une semaine chez lui. Les mines à plus de 4.000 mètres d’altitude. Le campement entre 2.500m et 3.000m. Avion et bus affrétés spécialement par les compagnies pour faire venir des travailleurs de tout le pays. Là aussi la camaraderie fait tenir. Victor chante aussi. Des chansons d’amour. En espagnol et en français. Aujourd’hui, Victor est seul. Sa femme l’a quitté. Il est un peu triste. Se demande à quoi bon toute cette vie à travailler loin de chez lui. Hier c’était son anniversaire. Il partage avec nous ce qu’il reste du gâteau. Nous partageons avec lui nos pâtes à la carotte, puis il allume le micro…

Le lendemain, une longue ligne droite nous attend. Et comme toutes les lignes droites, elle n’épouse pas les courbes des collines, mais leur passe dessus, sans ménager les cyclistes ! Beaucoup de forêts, de pneus, de maisons et de cabanes brûlés sur le bord de la route. Nous croisons tank et camion amphibie militaire. L’après-midi nous passons devant l’entrée d’une piste gardée par des militaires masqués. Nous sommes en Araucanie. Dernier des territoires mapuche à avoir rendu les armes face au jeune état chilien. Car, non les Amériques n’étaient pas des déserts à l’arrivée des conquistadors, pas plus qu’elles ne l’étaient quand on a commencé à distribuer des terres aux colons. Aujourd’hui, les mapuches réclament ces terres qui leur ont été volées. Dans les arbres, au bord des champs, des forêts, à l’entrée des pistes, nous pouvons lire « Libertad P.M.M. Recuperation Territorial ».

En ligne de mire, apparaissent les volcans enneigés. Ils seront nos repères pour les semaines à venir. Ce soir nous dormons au bord d’un lac artificiel, avec pour toile de fond ces géants bienveillants. Les enfants se baignent… en doudoune ! Les pieds anesthésiés par le froid, il faut les forcer à sortir. Mais les fesses, elles, sont restées bien au sec ! Nous longeons des champs de noisettes qui partiront alimenter les usines de pâte à tartiner. Après Victoria, des panneaux sur la route « raclette et camembert »! Adèle nous attend au fondo Mondio. Elle est la jeune gérante d’une ferme appartement à une fondation ayant des liens forts avec la France . Ceci expliquant cela. Le soir, Leïla me dit « on est bien ici, c’est presque comme à la maison. On a un lit pour nous tout seul et des couettes. Enfin des couvertures, mais c’est presque pareil ! » En plus, il y a la douche du futur : eau chaude, jet d’eau et musique ! On s’y endormirait presque. Le tout, c’est d’en sortir. La salle de bain doit avoisiner les 10 degrés ! On est bien ici. La ferme emploie une petite vingtaine de salariés dont la plupart vivent sur l’exploitation avec leur famille. Une ambiance chaleureuse règne. Plaisir des repas pris ensemble. Douceur des balades entre lac, champs et forêts. Célestin taille un lance-pierre. Joachim, l’amoureux d’Adèle, lui en fabrique un avec un haut de bouteille en plastique et des ballons de baudruche. Léo, l’administrateur technique de l’exploitation, rentre de weekend avec un lance-pierre pour chacun des enfants. Les plans de la révolution s’affinent… Petite journée facile pour rejoindre Curacautín, notre porte d’entrée pour les Andes.

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