Samedi 9 mars. Réveil sous le soleil et dans le froid. La neige a poudré les sommets autour de nous. C’est beau!
Les enfants sont en forme. Ils attaquent la fameuse côte du diable comme des chefs! Pause photos et ça y’est nous les perdons de vue. Heureusement qu’ils avaient ordre de s’arrêter au prochain carrefour,10km plus loin, sinon nous étions bon pour rejoindre Coyhaique dans la journée! Célestin discute avec un auto-stoppeur en nous attendant, très fière de comprendre et se faire comprendre en espagnol. Le reste de la côte ne pose pas de soucis. Ensuite c’est la descente de l’ange, puis nouvelle côtelette et camping Conaf, le fameux rempli de chenilles. Il est tôt, nous préférons poursuivre, nous éloigner des bestioles, descendre et tenter de gagner quelques degrés. C’était presque gagné… jusqu’à ce qu’une crevaison nous freine dans notre élan et nous fasse arriver un peu tard au bord de la rivière à El Blanco…

Coyhaique. Ce devait être quelques jours tranquilles, citadins, à manger des glaces et profiter de la petite famille qui nous accueille : Flo, Nicolas, Samuel et Tomas… Au Chili, c’est la rentrée des classes après les grandes vacances d’été, et comme chez nous, retourner à l’école c’est retrouver les copains… et les microbes! Humm, le bonheur de la gastro, nous y passons tous les uns après les autres… avec la petite pluie qui l’accompagne, il nous faut toute l’énergie et les sourires de Flo, Nicolas et des enfants pour surmonter tout ça ! Flo et Nico sont hyper investis sur le territoire et pour le développement du vélo comme mode de déplacement urbain. Le logo de leur asso : un vélo avec un flocon de neige pour roue! Viva Cicleayque!

Samedi 16 mars. Florent rechute dans la gastro, mais malgré tout nous décidons de partir. Avant de quitter la ville, il nous faut changer la boîte de pédalier de Leila. Un couple de vénézuéliens s’occupe de nous. Comme beaucoup de leurs compatriotes, ils ont migré pour chercher du travail ailleurs. Pique-nique sur la place centrale à 15h30, on ira dormir au camping à la sortie de la ville. Sauf que. Sauf que le premier est ferme et nous met dehors et le deuxième n’a pas d’eau. Nous traversons la rivière pour aller chercher un bout de prairie, quand une voiture s’arrête. Le conducteur nous laisse les clefs de son terrain ! Ça monte sec pour y arriver, mais il y a un point d’eau et nous pouvons planter la tente à l’abri du vent. Nous n’aurons qu’à laisser les clefs dans le barbecue le lendemain.
21h. Ça ronfle autour de moi, tout le monde est HS. Surtout Flo et Leïla. Les jours à venir, la météo annonce pluie, vent, voir neige….

Dimanche 17 mars. Peu de véhicules. Nous avons pris la piste de ripio. Mais beaucoup de camionnettes vont chercher du bois. L’hiver approcherait-il ? A Villa Ortega, Alicia nous ouvre une cabane pour le prix du camping. Ses amis nous offrent du chocolat aux smarties et du turron. Célestin : « Depuis le temps que je vois ce chocolat dans les magasins et que je me demande ce que c’est… Par contre, attention maman avec le turron, je ne crois pas avoir vu de poste de santé dans le village… »

Leïla a retrouvé la forme avec la fin du ripio : « Laisse-moi passer maman, maintenant que c’est goudronné, j’ai envie d’aller vite! ». C’est donc la pluie qui nous freine maintenant. Les éclaircies annoncées ont du mal à apparaître. Il fait humide, froid et nous nous réfugions dans les abris communs des campings, dans des cabanes. Journée pluie, journée école à côté du poêle.

21 mars. Premier jour de l’automne. Hier il pleuvait, demain il pleuvra, aujourd’hui il fait beau!!! C’est parti pour la côte de Queulat, celle qui a un gros logo danger sur notre carte… Arrivés en haut, les enfants s’exclament « C’est ça la cote! Mais c’était une côtelette! ». Une des côtelettes de la carretera austral… Celle-ci, il faut le dire, est asphaltée à la montée dans notre sens et en ripio a la descente, c’est plus facile pour nous… Et dans cette descente aux milles virages, nous croisons un couple de cyclos-grimpeurs alpins, Lara et Bruno : dans leurs sacoches, ils ont des mètres de cordes pour aller sur toutes les falaises qu’ils croisent!
Le ripio devient à demi-bétonnée. Drôle de route. Comme tout bon flemmard, nous préférons le béton à la piste de terre. Sauf que la bande de béton est  surélevée de 50 cm par rapport à la piste et qu’elle n’est pas bien large… Heureusement que le trafic n’est pas trop important!
La mer! Elle fume ?? Sources d’eau chaude pas loin… Des lions de mer sont en plein festin. L’énergie dépensée pour arracher des bouts de chair à l’énorme saumon est impressionnante ! Il leur faudra sans doute en chasser un autre (en voler à la saumonerie?) pour refaire le plein de force.
Arrivée sous la pluie à Puyuhuapi. Pique-nique à l’abri de l’eau, mais pas du vent. Ça caille. Tournée des campings. Déprime. Des tentes s’entassent dans un hangar. Sanitaires aux 4 vents. Pas les lieux idéaux pour se reposer. On nous a parlé d’une maison bleue. Même si elle n’est pas en haut de la colline, ça sonne bien. Nous y allons. Effectivement la musique était bonne, mais la place déjà prise. Dommage. Tour des cabanas. Comment un village peut-il en avoir autant? C’est pire qu’El Chalten, l’attrait touristique en moins. Nous finissons par trouver notre bonheur : un poêle, des lits et même de la place pour faire sécher nos affaires et sortir notre bazar!

Dimanche 24 mars. Le soleil sort, nous repartons. 15 minutes d’été indien, dans la côte, juste le temps de transpirer un peu et imaginer bientôt sortir les shorts. Cela restera du domaine de l’imaginaire… Route bordée de forêt humide, luxuriante. Fougères immenses, plantes à cabanes (trop grande pour faire des parapluies), mais forêt patagone. Nous ne sommes pas sous les tropiques quand même. Pas de circulation, du goudron, côtelettes gentillettes. Nous avançons bien. Leïla a la frite. Elle nous annonce avoir planté des patates pour l’année prochaine, pour avoir la pêche!
Le paysage s’ouvre. Les vaches meuglent dans les champs. Nous ne les avons jamais autant entendu. Est-ce l’heure de la traite? La Junta. C’est dimanche, jour de match de foot. Il parait que le fromage d’ici est très recherché (c’est aussi le seul de la Carretera austral). A la sortie du village, les vaches meuglent toujours. Tout d’un coup, brouhaha au bord de la route. C’est la foire aux bestiaux. Des centaines de veaux et génisses sont parqués par petits groupes en attendant d’être présentés à de potentiels acheteurs. Je comprends désormais les meuglements des vaches…
Le soleil est toujours là. Après cette petite pause, nous repartons, direction le pont de la rivière Palema. Un pick-up flanqué d’une remorque à vélo nous double et nous attend… au pont. C’est Christopher et Diego du Climbing hostel a Puerto Varas. On discute, ils nous offrent bananes et chocolat. A leur départ, nous faisons le tour du quartier pour trouver où planter la tente. De l’herbe verte nous tend les bras, proche de bicoques plus ou moins abandonnées. Nous toquons à l’une d’elle, personne. Une femme nous fait signe de loin et vient nous voir. Oui, nous pouvons camper, mais nous pouvons aussi dormir sous un toit. Et la voilà qui nous ouvre la maison où nous venions de toquer : lits, cuisinière et douche chaude. Royal!

Nous avions promis de belles parties de pêches à Célestin sur la Carretera Austral. Bon, c’est pas gagné, surtout avec les parents qu’il a… En arrivant chez Daniel, qui a ouvert son terrain aux cyclos de passages et loue deux chambres à ceux qui voudraient se mettre à l’abri, Célestin louche sur les cannes à pêches posées sur la terrasse. Hop, c’est parti, Daniel nous emmène pêcher. Échec, une puis deux lignes se coincent. Pour ça nous sommes experts. Les parents pour coincer, Célestin pour décoincer. Quant aux poissons, on va dire qu’ils sont mieux dans la rivière que dans notre assiette…

Leïla invente des poèmes : Quand je te vois j’ai le cœur qui bat, quand je t’écoute j’ai le cerveau en route, … Maintenant, il lui faut trouver la rime avec « quand je te parle » et elle pourra donner ses vers à son destinataire.
Elle s’interroge aussi : « Est-ce que Dieu ne s’occupe que des gens qui croient en lui?… ». « Un jour j’ai entendu un grand bruit dans la voiture, est-ce que c’était Dieu? ».
Tout le monde pense sur la route…

Mardi 26 mars. El Amarillo, 17h50. Nous arrivons à l’entrée du parc Pumalin. Le parc est fermé depuis 20 minutes. La garde-parc, obtuse, nous annonce que les campings également puisque si le parc est fermé, on ne peut pas aller jusqu’au camping. Élémentairement mon cher Watson. Effectivement, l’accès se fait par une piste qui passe par une magnifique pelouse de golfe fermée par une chaînette à 50cm du sol. C’est surréaliste !! Mais on ne passera pas. C’est la maîtresse qui nous accueillera sur la pelouse de l’école. Elle y loge avec son mari et ses deux enfants. Avec 4 autres élèves, ils constituent l’effectif de l’école. Pour s’occuper d’eux : une atsem, une cantinière, la maîtresse et son mari qui est chargé de mettre les bûches dans les poêles.

Mercredi 27 mars. Chaiten. Quand nous y étions passés il y a 12 ans, le village était encore plein des cendres du volcan qui était entré en éruption quelques années auparavant. Aujourd’hui, la ville est entièrement reconstruite. Nous y faisons des courses et allons nous poser au camping au bord de la mer. Ambiance de carte postale : coucher de soleil au large, lever de lune derrière les montagnes. Au petit matin, les dauphins surfent sur les vagues devant le camping. Les lumières du levant n’ont rien à envier à celles du couchant. Nous ne sommes pas les seuls à profiter du spectacle. Mathieu, Leïla, Agathe et Gabrielle, une autre famille française en profite aussi. Nos routes se croiseront à nouveau au milieu des cactus, mais ça c’est une autre histoire…

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